Von der Leyen a un plan pour booster l’économie, et il repose beaucoup sur les Etats
La Commission européenne a présenté sa feuille de route sur les cinq prochaines années pour tenter de redresser l’économie du Vieux Continent.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a appelé les gouvernements à contribuer au redressement de l’économie mollassonne du Vieux Continent, en présentant sa “boussole pour la compétitivité”, dont les mesures visent à stimuler la croissance.
“Notre business model repose essentiellement sur une main-d’œuvre bon marché, provenant probablement de Chine, sur une énergie bon marché provenant de Russie et sur l’externalisation partielle de la sécurité et des investissements dans la sécurité”, a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse. “Cette époque est révolue.”
“Nous avons un plan, une feuille de route. Nous avons la volonté politique. Maintenant, ce qui compte et compte vraiment, c’est la rapidité et l’unité”, a-t-elle ajouté, promouvant des efforts pour booster l’innovation, poursuivre la décarbonation, et sécuriser les approvisionnements en énergie et les flux commerciaux.
En présentant son plan, l’Allemande en a profité pour lancer un avertissement sévère : si rien n’est fait, l’Europe “risque d’être bloquée sur la voie d’une croissance faible, avec moins de revenus pour les travailleurs, moins d’aide sociale pour les personnes défavorisées et moins d’opportunités pour tous”.
Répondant aux appels des gouvernements des pays de l’UE à réduire la bureaucratie qui entrave les entreprises, elle a promis de faire un “effort sans précédent pour simplifier les règles” et rendre l’administration plus rapide.
Cela signifie en partie qu’il faudra réduire les nouvelles réglementations climatiques, même si von der Leyen a insisté : “L’UE maintient le cap sur les objectifs du Pacte vert, sans aucun doute.”
Son plan souligne que les gouvernements devront s’impliquer, car “de nombreux leviers clés, de la fiscalité aux marchés du travail en passant par les politiques industrielles, sont en grande partie ou partiellement entre les mains des gouvernements de l’UE” et qu’ils devraient coordonner les réformes et les investissements nationaux par le biais d’un outil de coordination de la compétitivité.
Cette feuille de route expose la manière dont von der Leyen souhaite diriger l’UE au cours de son second mandat. Le message est sans équivoque, bien que vague : l’Europe doit devenir plus probusiness, afin d’égaler les Etats-Unis et la Chine, sans pour autant sacrifier ses objectifs en matière de climat. Les atteindre sera toutefois un exploit titanesque.
Les Etats auront-ils les moyens ?
L’énergie est au cœur des préoccupations des entreprises qui se plaignent que les prix élevés de l’électricité, qui ont grimpé après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les empêchent d’être compétitives par rapport à d’autres régions du monde. La Commission demande aux gouvernements d’augmenter les investissements dans les réseaux électriques et les installations de stockage en Europe, afin de permettre le passage à des énergies plus renouvelables.
La boussole de la compétitivité prévoit également d’aider les industries les plus émettrices à réduire leurs émissions de carbone, en promettant des plans ciblés pour les fabricants d’acier et de produits chimiques. Elle mentionne explicitement l’objectif de réduire de 90% les émissions de l’UE en 2040, un chiffre que certains conservateurs ont critiqué et qui doit encore être inscrit dans la loi.
La vision globale de von der Leyen se heurte à un problème de taille : le peu de fonds disponibles pour de nouveaux investissements. Même les grands pays comme la France et l’Allemagne sont aux prises avec la dette et les déficits, une situation que les tensions commerciales avec les Etats-Unis et la Chine pourraient aggraver.
La Commission prévoit de réaffecter les fonds régionaux non dépensés à des projets qui répondent à ses ambitions sur la compétitivité et d’appeler les financeurs publics, comme la Banque européenne d’investissement, à diriger des fonds vers des programmes tels qu’un programme d’investissement TechEU, pour combler le déficit de financement des entreprises innovantes. Un fonds de compétitivité, à venir, tentera également d’orienter les fonds vers des projets clés et un nouvel effort sera fait pour débloquer des fonds privés avec une union de l’épargne et de l’investissement.
Le plan s’attelle à un grand nombre de domaines et reprend des critiques formulées dans le rapport de Mario Draghi sur la compétitivité à propos d’une série de politiques publiques sur lesquelles l’UE est lente ou fragmentée.
Il aborde également des questions sociales qui ne relèvent généralement pas de la compétence de la Commission, en demandant aux gouvernements d’ouvrir les marchés du travail à l’heure où la population active vieillit et en insistant pour que des mesures soient prises afin de remédier aux lacunes en matière d’éducation, alors que le niveau des enfants en mathématiques et en lecture a baissé.
Aucun de ces problèmes ne peut être résolu du jour au lendemain, prévient le plan : “Booster la compétitivité n’est pas une solution miracle.”
Giovanna Coi, Hanne Cokelaere et Cory Bennett ont contribué à cet article.
Cet article a d’abord été publié par POLITICO en anglais et a été édité en français par Jean-Christophe Catalon.
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